1. Accueil
  2. Bien immobilier
  3. Acheter maison ou appartement
  4. Maison avec jardin : le rêve ultime… mais pour combien de temps encore ?
  1. Accueil
  2. Bien immobilier
  3. Acheter maison ou appartement
  4. Maison avec jardin : le rêve ultime… mais pour combien de temps encore ?
Acheter maison ou appartement

Maison avec jardin : le rêve ultime… mais pour combien de temps encore ?

/v1612962360/logo/Favicon.svg
Marion
Rédigé le 4 février 2025
v1738689420/website/highlight/pourquoi-la-maison-avec-jardin-fait-fantasmer.png

Le jardin. Rien qu'à l'évocation de ce mot, on sent presque l'odeur de l'herbe coupée, on entend le grincement d'une balançoire et le bruit des glaçons dans un verre sur une terrasse. La maison avec jardin est un rêve qui traverse les époques et les générations. Mais d’où vient cette aspiration ? Pourquoi est-elle si forte ? Et surtout, ce rêve est-il encore possible aujourd'hui ?

Le jardin : un idéal de vie qui traverse le temps

Un héritage émotionnel

Qu’on ait grandi en maison ou en appartement, le jardin est souvent le théâtre de nos souvenirs de jeunesse : les cabanes dans les arbres chez les copains, les parties de cache-cache dans le potager des grands-parents, les repas d'été sur la terrasse, les siestes à l'ombre du pommier… Le jardin n’est pas simplement un lieu, c’est une madeleine de Proust.

Une madeleine si savoureuse qu’elle est très souvent l’étalon de référence pour mesurer un idéal de vie futur. Le jardin est ce lieu fantasmé, où, un jour, on cultivera un potager comme chez mamie, où nos enfants joueront sur la balançoire et où les barbecues entre amis battront leur plein de juin à septembre.

Un fantasme qui semble voué à perdurer comme le laisse penser une étude Qualitel sur l’habitat d’hier, d’aujourd’hui et de demain : pour 74% des Français de plus de 18 ans, la maison avec jardin sera toujours un rêve pour les générations futures.

Un fantasme qui révèle aussi un désir de reconnexion à la nature et à l’essentiel. Il n’y a qu’à voir les néo-urbains qui choisissent d’installer un poulailler ou de cultiver leur propre potager. Le jardin devient alors un havre de paix, un refuge loin de la ville stressante, dépendante, hyper consommatrice. Ici, on peut vivre en autosuffisance, manger ce que l’on produit, respirer l’air pur : une forme de liberté retrouvée après une vie citadine presque aliénée.
Pour aller plus loin : Le blues des néo-ruraux

Entre pouvoir et bien-être

Une liberté qui a toutefois un prix. Un simple coup d'œil derrière la palissade suffit pour deviner la classe sociale de ses propriétaires. Et pour cause, avoir un jardin, c’est avant tout posséder des terres. Des aristocrates façon Downton Abbey avec leurs vastes parcs aux ouvriers cultivant des lopins dans les banlieues industrielles, la terre est synonyme de pouvoir. Le marché de l’immobilier le confirme : comptez entre 5 à 15% plus cher pour un appartement de ville avec jardin.
Si les seigneurs féodaux n’existent plus aujourd’hui, ce désir de possession persiste, d’autant plus avec l'urbanisation croissante qui prive les citadins d’espaces verts. La crise sanitaire de 2020 a aussi participé à ce besoin de renouer avec plus de nature et d’espace pour leur bien-être. C’est d’ailleurs l’usage premier que l’on réserve au jardin : 92% des propriétaires l’utilisent pour se relaxer, 72% pour pratiquer des activités physiques et saines, et 68% pour se nourrir (étude menée par l’Unep, Les Entreprises du Paysage).

Une tendance confirmée par le boom de la jardinerie et de l’aménagement extérieur, dont la croissance a bondi de plus de 10 % en un an après la crise du Covid. L'équivalent d’une croissance en 5 ans habituellement !

Le jardin n’est ainsi plus seulement le vestibule de la maison, mais bien une pièce à part entière pour laquelle les Français sont prêts à payer. Pour preuve, 64% des requêtes du site d’annonces immobilières SeLoger se positionnent sur des maisons et parmi ces requêtes, 16,3% intègrent le critère “jardin”, 14,8% “terrasse” et 9% “piscine”.

Le jardin, paradis perdu ?

Fantasme impossible

Mais d’où nous vient cet idéal du jardin ? Est-ce une aspiration biologique, un besoin primitif de connexion à la terre, hérité de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ? Est-ce un rêve façonné par des siècles de culture et d’idéaux sociaux ? Ou encore une notion profondément ancrée dans notre inconscient collectif par la religion ?

Rappelez-vous, dans la tradition judéo-chrétienne, tout commence dans un jardin : l'Éden. Un lieu parfait, un équilibre entre l'homme et la nature… jusqu’à ce qu’Adam et Ève en furent chassés après avoir goûté au fruit défendu.

Fruit défendu ou non, nous sommes nombreux à en être chassés avant même d’y pénétrer ! Malgré les 13 millions de jardins recensés en France, 55 % des Français se disent pessimistes quant à la possibilité de posséder un jour une maison avec jardin.

Une désillusion qui est alimentée par plusieurs facteurs :

  • Les prix du marché immobilier, rendant l’accession à la propriété de plus en plus difficile.

  • La densification des villes et la raréfaction des terrains constructibles, augmentant mécaniquement leur coût.
  • L’impact écologique et les nouvelles réglementations, qui limitent l’artificialisation des sols et poussent à la verticalisation du logement.

Dans de grandes agglomérations, ce rêve semble totalement hors de portée pour certains ménages, à moins de s'exiler loin des centres-villes. Mais à quel prix ? Temps de transport étendu, dépendance à la voiture, éloignement des services publics... Le rêve de la maison avec jardin est-il devenu un luxe réservé à une élite ?

L’appartement, la salle d’attente de la vie d’adulte

Les autres sont, eux, condamnés à rester en appartement. Un mode de vie qui reste perçu dans l’imaginaire collectif comme une étape transitoire.

On vit en appartement quand on est étudiant, seul ou en colocation, en attendant de trouver un travail plus stable, de trouver l’amour, de fonder une famille. Un lieu profondément marqué par “l’attente”, comme s’il ne s’agissait pas de la vraie vie.

Une perception renforcée par plusieurs éléments sociétaux :

  • La traditionnelle famille nucléaire qui vit sous un même toit (de préférence dans une maison)

  • Le pavillon avec jardin, associé à l’épanouissement familial et personnel.

  • L’urbanisme vertical avec ses immeubles standardisés et impersonnels qui contraste avec l’image plus chaleureuse et humaine de la maison individuelle.

Réinventer le fantasme : vers un nouvel équilibre entre urbanisme et nature ?

La nature comme socle du bien-être

Si le rêve de la maison avec jardin évolue au gré des transformations sociales et économiques, le besoin de nature reste quant à lui central. Le jardin, bien plus qu’un simple espace extérieur, incarne un idéal de bien-être, de détente et de reconnexion à la nature.

Les études sur la santé mentale confirment d’ailleurs que l’accès à un espace vert, même réduit, a un impact positif sur le stress, la concentration et la qualité de vie.

Face à cette demande croissante, des alternatives émergent pour intégrer la nature dans le quotidien urbain :

  • Les appartements avec balcon ou terrasse : De nombreux citadins transforment ces espaces en véritables havres de verdure, cultivant plantes aromatiques, fleurs et même potagers urbains en pots. Sur le modèle des rooftops des bars et restaurants à la mode, le classique balcon en béton impersonnel s’offre une seconde jeunesse.

  • Les immeubles végétalisés : L’architecture contemporaine s’adapte à cette aspiration en proposant de plus en plus de bâtiments avec des toits-terrasses aménagés, des jardins partagés et des façades végétales qui permettent de recréer un lien avec la nature, même en plein cœur des métropoles.

  • Les jardins partagés : en ville, les jardins partagés reposent sur une approche collaborative, favorisant les rencontres entre voisins. Une alternative précieuse aux habitants qui n’ont pas de balcon afin que chacun puisse profiter des bienfaits du jardinage, se ressourcer, ou développer un mode de vie plus durable.

Le nomadisme et l’évasion comme alternatives au jardin rêvé

Pour ceux qui n’ont ni jardin, ni balcon, ni accès à des espaces végétalisés dans leur lieu de vie, une option peut être d’aller chercher soi-même cette nature ! Plutôt que de posséder un bout de verdure, certains locataires ou propriétaires d’appartements préfèrent s’offrir des escapades au vert, des évasions périodiques à la campagne, en forêt ou en bord de mer.

Différentes options se développent de plus en plus sur ce mode de vie :

  • Les résidences secondaires partagées, permettant d’avoir accès à une maison en milieu naturel sans en supporter seul les frais.
  • Le télétravail nomade, qui permet à certains d’alterner entre la ville et des séjours prolongés dans des cadres plus verdoyants.

  • L’essor des tiny houses et des habitats alternatifs, offrant un mode de vie minimaliste et proche de la nature, sans les contraintes du foncier classique.
  • Le slow tourism, qui privilégie des séjours immersifs dans des lieux préservés, avec un retour à des plaisirs simples comme la randonnée, le jardinage ou le bivouac.

Une façon hybride de concilier les avantages d’une vie urbaine aux avantages d’une vie rurale. Bref, avoir le beurre et l’argent du beurre !

Si l’idéal du jardin persiste, il prend aujourd’hui différentes formes, s’adaptant aux nouvelles réalités émergentes dans la société. Il ne s’agit plus seulement d’un lopin de terre attenant à une maison, mais avant tout d’un espace de reconnexion à la nature, qu’il soit en bas d’un immeuble, sur un toit, sur un balcon ou bien au détour d’une randonnée un week end.

Loin d’être un fantasme perdu, le jardin s’invente et se réinvente au rythme des mutations sociétales. Et si le paradis n’était plus un lieu fixe, mais un état d’esprit ?

Sur le même sujet