Et si demain, nos maisons étaient faites en coquillages ?
Sommaire
Nous le savons, le secteur du bâtiment fait partie des secteurs les plus polluants avec 16% du total des émissions de gaz à effet de serre en France. Face à de tels résultats, certaines entreprises, professionnels et même particuliers rivalisent d’ingéniosité pour proposer des alternatives durables. C’est ainsi qu’Ostrea Design a vu le jour et se fait progressivement une place dans le secteur en proposant des matériaux de construction faits à partir de coquilles de coquillages.
Ostrea Design, du constat à l’Idée (avec un grand "i")
C’est ainsi que le Terrazzo marin a vu le jour et s’avère être une des alternatives au béton, au plastique ou autre matériau. Et le champ des possibles est large face à la quantité de déchets amoncelés…
Quand l’Idée devient produit
Chez Ostrea Design, la réflexion des créateurs s’est orientée vers un recyclage des coquilles de coquillages car, "Ils sont riches en carbonate de calcium, un constituant résistant, les créateurs ont vu le potentiel." De fil en aiguille, avec les investissements de business angels et grâce à une multitude de tests de garage et d’essais en Recherche et Développement (R&D), l’équipe a pu développer un produit solide à base de "65 % de paillettes de coquillages et 35 % de ciment argileux - bien moins coûteux qu’un ciment classique - coupé à des adjuvants minéraux et à de la poudre de coquillage. Il ne contient aucun élément pétro-sourcé."
La petite équipe remporte le prix de l’innovation 2021 avec Emergys Bretagne, une opportunité qui l’amène à poursuivre le financement de la R & D de leur matériau. Pour la petite histoire, la commercialisation a débuté en mars-avril 2022, soit après deux années de travail acharné, de motivation inébranlable et de développement nécessaire pour faire naître le produit auquel les quatre amis ont cru. Coquillage sur le gâteau, Ostrea Design est lauréate du salon Maison et Objet en 2023.
Vous l’aurez compris, les néo-matériaux, c’est pas du "tout cuit" !
Et l’environnement dans tout ça ? Chez Ostrea Design, outre le fait d’avoir entrepris de créer un produit à faible impact environnemental, la cuisson du matériau a, elle aussi, fait l’objet d’une grande recherche. "Aucune cuisson n’est nécessaire pour un matériau complètement fini. Il est simplement séché via une cure naturelle que nous avons mise au point pour assurer sa solidité." Encore un effort à saluer qui permet de réduire l’impact carbone de l’entreprise.
Et demain, des logements en coquillages ?
Pourquoi pas ? L'idée de recycler les coquilles de coquillages consommés pour construire des habitats peut sembler futuriste, mais elle repose sur des principes écologiques et techniques déjà établis. Les coquilles de mollusques sont composées principalement de carbonate de calcium, un matériau qui entre dans la composition de bétons, asphaltes et mortiers largement utilisées dans le bâtiment.
"Il existe un mouvement autour des matériaux éco en ce moment. Nous avons participé à un salon dernièrement à Paris et nous étions dans un corner avec une vingtaine de marques d’éco-matériaux. Peut-être qu’à l’avenir, ces matériaux régneront. En tout cas on l’espère !" souhaite Adam Habouria.
Pour Ostrea Design, l’avenir se dessine positivement, preuve que les néo-matériaux s’installent progressivement. "Nous venons de conclure une levée de fonds et nous déménageons dans une nouvelle usine l’an prochain. Nous allons décupler notre capacité de production qui passera de 1 500 mètres carrés à 15 000 mètres carrés. Nous sommes prêts à revêtir la France entière de coquillages !" plaisante Adam Habouria. Et d’ici 2-3 ans, Ostrea Design espère atteindre une capacité de production industrielle. "Nous sommes assez confiants pour sortir des revêtements muraux et de sol en 2025. Nos tests en interne tiennent la route, il nous faut maintenant passer à l’acte et certifier nos produits."
Certes la route est encore longue avant de voir émerger des bâtiments entièrement élaborés en coquilles de coquillages, mais des initiatives comme celles d’Ostrea Design ouvrent la voie à cette possibilité. L’implication de l’équipe prouve que ce type de déchets peut être transformé en objets de décoration et en revêtements, alors pourquoi pas parfaitement intégrés dans l’architecture de demain. On a hâte de faire un pas en 2050, pas vous ?