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Et si vous emménagiez dans une tiny house semi-enterrée ? Rencontre avec ses créateurs

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Alexandra
Mis à jour le 30 juillet 2024
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Vous lisez "tiny house semi-enterrée" et aussitôt, l'image de la Comté et des maisons de Hobbits vous vient en tête ? Il y a un peu de chez Scoop Home®. Mais aussi une sacrée dose d'innovation architecturale et d'engagement environnemental. Rencontre avec Charlotte et Matthieu Floury, 26 ans tous les deux, qui ont fait le pari de ce nouveau modèle d'habitation.

En route pour le deuxième épisode de notre chronique qui met en avant des métiers atypiques ! Et dans le couple formé par Charlotte et Matthieu Floury, chacun exerce un métier qui sort de l’ordinaire. Charlotte est d’abord infirmière, toujours en activité parce qu’elle "aime et a besoin de ce contact humain", mais aussi baubiologue (suspense, vous saurez bientôt ce dont il s’agit…) et achève des études en management et marketing. Matthieu exerce lui l’activité de designer en architecture et est l’inventeur de Scoop Home®, un concept de maisons semi-enterrées. Une initiative à laquelle s’est naturellement greffée Charlotte. Logique, car entre eux deux, la complémentarité n’est pas à démontrer, tant au niveau de leurs activités professionnelles que dans leur façon d’interagir.

Charlotte est née dans le nord de l’Allemagne, en Basse-Saxe. Son intérêt pour la France est né durant ses vacances d’été en famille dans les Cévennes. Matthieu est lui né à Chamonix, "l'un des rares endroits où il y a encore de la neige". Un point qui a son importance car le jeune architecte y créait plus jeune des igloos se sentait parfaitement à sa place dans ces espaces cosy et protecteurs. Un cocon dont la forme arrondie n’est pas sans rappeler celle de sa Scoop Home®.
Charlotte & Matthieu Floury
Charlotte & Matthieu Floury, créateurs de Scoop Home®, férus de nature ! ©Anthony Costantini

Scoop Home®, la naissance d’un concept

Ce "concept-passion" est né dans l’esprit de Matthieu Floury en 2019, alors qu’il foulait les terres québécoises dans le cadre de son cursus en architecture. "J’avais un prof pour moi tout seul et il m’a laissé le choix du projet à mener, j’avais déjà mon idée en tête. J’ai pu avancer dans la création à ses côtés, grâce à des dead lines, des objectifs à tenir et un logiciel "modeleur" que je ne connaissais pas auparavant. Je travaillais jour et nuit, c’était assez théorique, mais très intéressant !" C'est en septembre 2022 que Scoop Home® a été officiellement créé.

Charlotte le dit, épouser Matthieu, c’est aussi prendre part à son projet. "Pour Matthieu, c’est une passion profondément ancrée. Ce n’était pas une option de dissocier une telle passion d’une personne, et il était donc naturel de la partager avec lui. Lorsque je l’ai rencontré, il avait déjà le projet bien en tête. Cela ne l’intéressait pas de créer un concept utopique qui ne pouvait pas être réalisable. Très tôt, il a lancé des appels à projet, il a toujours cherché de vrais clients pour développer concrètement Scoop Home®."

Si Matthieu a déjà bien avancé sur son concept de tiny houses semi-enterrées durant ses études en architecture, il a au fur et à mesure concrétisé bien des étapes ! Depuis, Scoop Home® est en perpétuelle évolution et est l’aboutissement d’un enchaînement de petits pas, comme l’explique le jeune architecte.

"On a rencontré plusieurs fois Philippe Delage, auto-constructeur d’une maison bulle semi-enterrée en Indre et Loire. Même si son concept est différent du nôtre, j’ai beaucoup aimé son engagement alternatif et l’émotion qui se dégageait de la maison qu’il créait. Son concept d’habitat semi-enterré et intégré au bioclimatisme était une première expérience de chantier intéressante. Plus tard, Jonathan, notre premier client, a contacté Philippe pour construire une maison bulle et Philippe l’a redirigé vers nous. C’est de cette façon que notre premier vrai module a vu le jour."

La Scoop Home® en maquette ou en dessin 3D devient alors peu à peu une réalité qui implique davantage Charlotte et Matthieu. "Nous l’avons réalisée de A à Z. Nous avons acheté nous-mêmes les panneaux en bois, appris à nous servir et à calibrer la machine de découpe, puis réalisé l’ossature. C’était très intense, mais on a pu toucher à tout ! "

Mission réussie avec cette première maison qui (semi-)émerge de terre. Une concrétisation pour le couple d’entrepreneurs, d’ailleurs plus habitologues que constructeurs de maison, qui ambitionne de "créer un espace poétique, mais avec une vocation de multiplication".
À savoir
“Habitologue” est un terme que Matthieu Floury affectionne particulièrement et qui se base sur une vision d’Antti Lovag, architecte "habitologue" hongrois. Selon lui, un habitologue doit concevoir des habitats et les adapter aux besoins des hommes.
Extérieur d'une Scoop Home
Une Scoop Home est semi-enterrée et recouverte d'une couche de terre sur laquelle la nature reprend peu à peu ses droits. ©Scoop Home®

La Scoop Home®, kézaco ?

Matthieu Floury la présente poétiquement comme "la maison qui disparaît dans la nappe paysagère". Lorsque l’on visualise cette tiny house semi-enterrée, elle prend tout son sens.

"Sans y mettre de mots trop pompeux, c’est un concept qui allie un peu la philosophie et l’art, mais aussi l’entreprenariat, dans le sens de la réalisation concrète des projets. Nos modules sont semi-enterrés. Ce sont des habitations de faible emprise car leur surface est assez petite, mais la grande spécificité est qu’elles sont fusionnelles avec le terrain."

Nous l’avons bien compris, plus qu’une volonté de se loger, adopter une Scoop Home® est un vrai style de vie, un réel parti pris.

Une précision est apportée par Charlotte, qui applique son métier de baubiologue au concept de son époux. "Mon travail est de créer un intérieur sain pour les habitants. Le côté ‘psychologie de l’habitat’ signifie qu’on ne loge pas les habitants uniquement de manière fonctionnelle, mais surtout pour leur bien-être. Pour moi, c’est vraiment important de ne pas utiliser des produits comme du vernis, dont les composés organiques volatiles (COV) peuvent se retrouver dans l’air. On crée des intérieurs qualitatifs qui permettent aussi de se recharger en énergie."
À noter

La Baubiologie est un terme d’origine allemande. Charlotte Floury l’explique comme étant une pratique "dans la construction holistique, pour lier la santé à l’habitat", et qui "se focalise sur l’individu, qui passe jusqu’à 90 % de son temps de vie dans des espaces fermés. Ces derniers ont souvent un impact important sur la santé et sont à peine évoqués dans les études médicales"

D’ailleurs, la symbiose avec la nature inhérente au projet se traduit tant par l’aspect extérieur, avec le toit en terre où la flore et les insectes peuvent aisément reprendre quelques droits, que par l’utilisation des matériaux. "Tous ceux que nous utilisons sont recyclables, réutilisables ou écologiques. On tente d’avoir un impact moindre sur le terrain."

Preuve en est, la Scoop Home® possède un socle minéral en béton, une coque en bois massif avec les nervures, des structures et du mobilier intégré, des panneaux isolants en verre cellulaire - matériau imputrescible, inerte et incompressible issu du recyclage de verres de pare-brise -, une membrane EPDM issue d’une matière caoutchouc pour étanchéifier la structure et enfin au moins 50 centimètres de terre remblayée et replacée sur la structure.

Et Matthieu d’ajouter : "La couche de terre représente une grosse masse d’inertie thermique qui, combinée à l’isolant en verre cellulaire, crée des propriétés exceptionnelles ! En somme, nos modules, c’est un peu comme une recette de cuisine : moins il y a d’additifs, meilleur c’est !"

Schéma restitution chaleur
Schéma de restitution de la chaleur dans une Scoop Home. ©Scoop Home®
À savoir

Combien coûte une Scoop Home® ? "Parler de coût, ce n’est pas très simple, déjà parce qu’on s’adapte à chaque projet. Après, pour un kit où on a l’enveloppe en bois, les baies vitrées, l’étanchéité, l’isolation, tout l’ameublement intégré et même les serrures, il faut compter environ 36 000€ TTC avec les charges pour une quinzaine de mètres carrés. Il faut ensuite ajouter la mise en œuvre et le coût de la dalle et du terrassement, ce qui dépend vraiment de chaque localité." Et ils savent de quoi ils parlent puisqu’ils accompagnent scrupuleusement la réalisation de chaque nouveau projet."

La "tiny de Hobbit contemporaine", une philosophie plus qu’une construction

Charlotte et Matthieu Floury ne sont pas avares en descriptions, si bien que l’on pourrait presque dessiner la Scoop Home® en les écoutant. "La plus petite surface mesure environ 15 mètres carrés - un lit queen size y a quand même sa place - et la plus grande aujourd’hui fait à peu près une soixantaine de mètres carrés. La largeur reste identique sur les Scoop Homes® en raison des distances portées par les nervures structurelles, mais la longueur est modulable en prolongeant l’ossature-membrure. Ensuite, on peut créer des galeries pour adapter des modules entre eux qui peuvent ainsi être agencées en fonction de la topographie du terrain."

Les Scoop Homes® de Charlotte et Matthieu sont personnalisables, même si elles doivent évidemment tenir compte de certaines contraintes comme l’état du sol ou la topographie du terrain. "Certaines personnes veulent construire des maisons de Hobbits. Finalement, nous avons un style au design actuel et contemporain ,avec le caractère chaleureux et rustique mais tout en finesse des espaces de vie imaginés par Tolkien. Nous adaptons toujours avec souplesse la configuration en fonction de la demande."

Intérieur Scoop Home
L’intérieur d’une Scoop Home et son atmosphère chaleureuse. ©Scoop Home®

Matthieu insiste sur le fait que leur concept ne "s’impose pas à l’image du village, mais se fond dans la trame verte de la nature. Les maisons sont harmonieusement intégrées dans le paysage, optimisant l'énergie et garantissant un confort thermique naturel. Chaque module assure une ergonomie et un confort adaptés aux besoins individuels."

Dans sa réflexion pour créer Scoop Home®, Matthieu Floury a autant intégré l’impact sur l’environnement que le bien-être de l’individu. "Aujourd’hui, on dit qu’il ne faut pas faire de maisons individuelles car elles prennent de l’emprise sur le paysage, mais la question est de savoir comment on peut l’imaginer différemment. Je suis pour l’expression pleine et respectée de l’individualité, dans le sens où je pense que chaque personne peut s’épanouir avec un concept qui lui est personnel. Cela passe par le fait de voir l’architecture comme une troisième peau pour être bien dans le monde. Et il y a un réel besoin d'être bien, mais pas n’importe comment !"

Et l’avenir, comment Charlotte et Matthieu le voient-ils ?

Tous deux l’imaginent plutôt bien, toujours impliqués à faire vivre, avancer et croître leur concept. "Matthieu travaille déjà à 100 % sur Scoop Home®. Le but est à terme de poursuivre notre collaboration pour faire progresser notre entreprise en pleine expansion. Dans un futur proche et grâce à mon master en Management, je pourrai aider à temps plein à la faire croître. Et puis on souhaite agrandir l’équipe et avoir des spécialistes pour chaque domaine. Aujourd’hui, cela nous plaît de nous occuper un peu de tout, mais plus tard, avec une équipe plus grande, nous pourrons avoir davantage de temps pour développer d’autres choses au sein de Scoop Home®."

Et cela passe aussi par la réalisation de leur propre module pour y vivre. En qualité de créateurs passionnés qu’ils sont, impossible de passer outre ! "On recherche un terrain pour créer notre propre maison. On aimerait habiter dans un espace d’au moins 40 mètres carrés avec de petits modules d’une quinzaine de mètres carrés en plus. Cela nous permettra aussi de montrer notre concept dans sa réalité et plus seulement sur des logiciels ou en maquette."

Il y aurait encore tant à dire sur Charlotte et Matthieu Floury et leur concept, tant ils parlent de leur projet avec passion et enthousiasme. La bonne nouvelle est qu’il est possible de passer une nuit (ou davantage) dans une Scoop Home® - celle de Jonathan d’ailleurs - située près de Besançon. Et puis trois autres sont juste achevées en Corrèze, une autre en Franche-Comté et une est en construction en Dordogne. Franchement pas mal pour l’année et demi de vie qui vient de s’écouler pour la start-up, n’est-ce pas ?

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