Qu’attendre des néo banques en matière de crédit ?
Elles sont partout !
Depuis quelques années, les néobanques déferlent sur la France et pour chaque besoin bancaire, il existe dorénavant au moins un établissement bancaire spécialisé.
Nickel ou Sogexia pour les interdits bancaires, Xaalys ou Kard pour les mineurs, Revolut ou Bunq pour les voyageurs ou encore Shine pour les auto-entrepreneurs, la liste est longue !
Mais curieusement, il existe un domaine où elles sont moins présentes…
A la manière des banques en ligne qui avaient délaissé le crédit lors de leurs premières années, les néobanques paraissent étonnamment faibles sur ce point.
Pourquoi ? Quelles sont les initiatives qui comptent ? A quoi s’attendre ?
Tentatives d’explication.
Ne tournons pas autour du pot : il n’existe à l’heure actuelle que deux néobanques avec des offres de crédit qui tiennent la route : Orange Bank et N26.
Qu’ont-elles en plus ?
Dans le cas d’Orange Bank, la réponse est évidente, une licence d’établissement de crédit !
En rachetant Groupama Banque avant de lancer Orange Bank, un des arguments forts de cette acquisition était la présence de cette licence, indispensable pour proposer des prêts personnels, immobiliers, mais aussi des découverts sur le compte courant.
Or, il faut savoir que le système bancaire français est extrêmement régulé et que toutes les licences ne se valent pas.
Pour faire simple, quand la majorité des néobanques font le choix d’opter pour la licence la plus facile d’accès, qui est également la moins chère et la moins contraignante, la contrepartie est qu’aux yeux de la loi française, ces établissements ne sont considérés que comme des établissements de paiement.
A ce titre, le crédit sous toutes ses formes, même pour un découvert, leur est rigoureusement interdit.
C’est la raison pour laquelle l’immense majorité des néobanques se tournent vers des cartes à autorisation systématique, pour s’assurer que leurs clients ne dépensent pas plus que le solde présent sur leur compte à un instant T.
Mais si vous avez déjà utilisé ce type de carte, vous savez également que dans certains cas de figure très précis, des découverts sont malgré tout possibles. En effet, pour fonctionner, la puce de la carte doit toujours être en mesure de contacter sa banque “mère” pour consulter le solde du compte, ce qui correspond à la demande d’autorisation.
Or, dans certains cas, et notamment sur les distributeurs des stations essences et autres péages, cette communication n’est pas toujours possible, ce qui peut amener la banque émettrice à autoriser un très léger découvert “à l’aveuglette”.
Pour les établissements de paiement, c’est la seule exception à l’interdiction de crédit, et dans les faits, elle n’est pas appliquée de manière uniforme. Certaines néobanques vont préférer prendre un léger risque pour leur client (ce qui peut rendre de fiers services !) tandis que d’autres auront une tolérance zéro.
Cette exception qui ne doit son existence qu’à des raisons techniques est pour la majorité des néobanques la plus proche manifestation d’un crédit.
Au passage, il est intéressant de noter que cette absence de possibilité d’accorder des crédits est “renversée” d’un point de vue marketing pour vanter la facilité d’ouverture du compte (qui comporte moins d’obligations légales pour cette raison) et le solde en temps réel des transactions grâce aux cartes à autorisation systématique, obligatoires. Les temps changent !
Quoi qu’il en soit, pour ce qui est du crédit, on comprend bien que la licence est le nerf de la guerre et que les investissements nécessaires à ce niveau pour ajouter du crédit à l’offre ne sont pas à la portée de toutes les néobanques, à la rentabilité encore incertaine.
Ce qui est certainement dommage quand on connaît les capacités innovantes de ces néobanques.
Et si pendant cette période le coût du projet est revu à la baisse, quelques clics suffisent pour diminuer le montant du crédit, sans passer par un conseiller.
A défaut de voir des offres innovantes se multiplier pour le plus grand bénéfice des emprunteurs, la deuxième approche pour proposer du crédit est celle retenue par la néobanque allemande N26.
En effet, proposer des prêts personnels ne s’improvise pas et demande au contraire une grande expertise, notamment sur la gestion des risques.
Nous sommes témoin ici du concept d’open banking, c’est-à-dire de la volonté d’assembler un établissement bancaire brique après brique en s’entourant à chaque fois des meilleurs pour chaque service (crédit, épargne, virements internationaux, etc…) plutôt que de tout construire en interne, au risque de perdre du temps et en qualité.
Pour revenir à Younited Credit, son acquisition en 2011 d’une licence d’établissement de crédit est un fait historique, car décernée après des décennies sans nouvelle demande auprès de l’autorité de contrôle !
Un vrai évènement dans un monde bancaire aux positions figées et contrôlées par quelques acteurs de longue date comme BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole ou encore la Caisse d’Epargne.
Après avoir validé dans ses premières années un modèle économique original porté sur le crédit entre particuliers (Younited Credit était dénommé Prêt d’Union à ses débuts), la société a progressivement changé son fusil d’épaule pour placer la technologie au coeur de son développement, notamment avec l’intention d’attribuer des crédits à une vitesse jamais vue auparavant.
De fil en aiguille, il était donc logique pour Younited Credit de s’allier aux nouveaux entrants dans le secteur bancaire, aux offres de crédit quasi inexistantes.
Pour l’instant, seule la néobanque N26 profite de ce partenariat, mais à n’en pas douter d’autres néobanques devraient suivre. Depuis juin 2020, même la “vieille” banque en ligne Fortuneo s’est laissée séduire par le concept en proposant Younited Credit à ses clients !
Et quid de la compétitivité des offres ? A bien des égards, l’offre de Younited Credit est à rapprocher de celle d’Orange Bank.
Caractéristiques similaires, simplicité d’utilisation, rapidité de traitement et taux globalement compétitifs, ce sont des solutions intéressantes à plus d’un titre.
Mais s’il existe un domaine où la comparaison doit toujours être de mise, c’est bien la souscription d’un crédit. Une simple simulation permet en effet la plupart du temps de gagner quelques centaines d’euros !
En effet, pour de multiples raisons (offres promotionnelles, temporalité, politiques commerciales internes, conjoncture économique, etc…), les grilles de taux des établissements de crédit varient très régulièrement, et il serait illusoire de croire qu’un seul établissement puisse être toujours plus compétitif que tous les autres.
Enfin, il peut aussi être intéressant de soulever le cas de la néobanque française Fintch, dont la particularité est d’offrir un réseau social basé sur le crédit en plus d’un compte et une carte bancaire de manière classique pour une néobanque,
En d’autres termes, c’est bien d’un “tinder du crédit” dont il est question, autorisant les membres de la communauté à se prêter jusqu’à 1 000 €.
Toutefois, contrairement à Younited Credit qui anonymise toutes les demandes, avec Fintch, les prêteurs peuvent tout simplement choisir de prêter à qui bon leur semble !
Le modèle n’en est encore qu’à ses débuts, et soulève beaucoup de questions, mais l’initiative décroche assurément la palme de l’originalité. La grande force des néobanques à n’en pas douter !