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Conseils placement immobilier

Bonne ou mauvaise idée : emprunter à taux zéro à ses proches ?

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Marion
Rédigé le 20 novembre 2024
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Acheter sa maison ou son appartement est souvent le premier grand investissement d’une vie. Pour limiter le poids des intérêts bancaires, on peut être tenté de se tourner vers ses proches pour emprunter à taux zéro. Mais est-ce vraiment une bonne stratégie ? Quels sont les risques et comment s’en prémunir ?

Prêt à taux zéro : contrer la pression des intérêts

Lorsqu’il s’agit de financer un achat immobilier, les intérêts bancaires représentent un coût non négligeable. À titre d’exemple, pour un prêt de 100 000 € sur 20 ans au taux moyen de 3 %, les intérêts représentent environ 33 000€.
Imaginez avoir la chance d’emprunter cette somme à taux zéro ? En plus d’augmenter votre capacité d’emprunt, vous augmentez au passage la superficie et le standing de votre bien idéal. Mais si emprunter à taux zéro existe grâce au PTZ, tout le monde n’y a malheureusement pas le droit.
À noter :
Le PTZ est un dispositif mis en place par l’État qui permet d’emprunter à taux zéro et donc de ne pas avoir de taux d’intérêt à rembourser. Il est cependant soumis à condition selon les ressources, la zone géographique ou encore la composition du foyer"

Pour celles et ceux qui n’y ont pas accès, une alternative peut être de solliciter des proches disposant des moyens financiers nécessaires, afin de réduire la pression des intérêts.

Exemple :
  • Laura et Bertrand ont pour projet d’acheter une maison à Marseille à 300.000€.
  • Ils envisagent de se faire financer à 80% par une banque (soit 240.000€) et à 20% en empruntant à taux zéro aux parents de Laura (60.000€).
  • Avec ce montage financier, les intérêts bancaires tombent à environ 52.800€, contre 66.000€ sans l’apport du prêt familial.
  • Soit une économie de 13.200€ rien qu’en réduisant le montant emprunté auprès de la banque.

Un levier pour augmenter sa capacité d’emprunt…

C'est le cas de Nina. Cette jeune trentenaire parisienne qui travaille dans la tech, souhaite depuis longtemps acheter sa résidence principale. En CDI, avec un salaire de 4000€ nets mensuels et un apport de 30 000€, son profil est plutôt solide. Pourtant, en scrutant les annonces immobilières, elle déchante un peu :

“Ma capacité d’emprunt me permettait de viser des biens autour de 275 000€, frais inclus. À Paris, c’est un peu limite pour acheter un appartement avec une chambre. Et je ne me voyais pas acheter un studio, ni m’excentrer en banlieue. Paris, c’est ma ville de cœur depuis toujours !”

Issue d’une famille avec une situation financière confortable, elle envisage rapidement de solliciter ses parents :

“Mes parents ont toujours prévu de nous donner à mon frère et à moi, 50 000€ pour notre premier achat immobilier. Avec cet apport, plus le mien de 30 000€, je pouvais élargir mes recherches et envisager à présent des biens autour de 325 000€.”

Une somme majeure qui vient compléter son apport personnel et renforce grandement son dossier. Car les banques apprécient les apports conséquents, garantis d’une plus grande sécurité financière.

…et gagner des mètres carrés en plus !

Mais Nina ne s’arrête pas là ! Avec son apport confortable de 80 000 €, elle peut s’offrir un appartement d’une trentaine de mètres carrés. Suffisant pour une seule personne, mais peu propice à une vie de famille si la jeune célibataire change de situation.

Elle se dit qu’un achat immobilier c’est du long terme, et décide alors d’emprunter 50 000 € supplémentaires à ses grands-parents :

“J’ai été les voir en leur expliquant mon besoin. Je voulais leur emprunter 80 000 € à taux zéro, mais ils ont tablé plutôt sur 50 000 €. Ils ne voulaient pas pénaliser leurs autres petits-enfants en me prêtant une trop grosse somme.”

Ils se mettent d’accord sur la somme et établissent un acte sous-seing privé définissant le montant, les échéances et les modalités de remboursement.

L’avantage d’un tel emprunt familial, c’est que contrairement aux banques, le proche prêteur sera a priori plus souple sur les modalités de remboursement. Vous pouvez en effet convenir de différer le remboursement, ajuster les mensualités, ou même les suspendre en cas de difficulté.

À savoir :
  • Le prêt familial doit faire l’objet d’un écrit pour toute somme supérieure à 1500 €.

  • Pour un prêt supérieur à 5 000 €, celui-ci doit être déclaré à l’administration fiscale.

  • À défaut, le prêt peut être requalifié en donation, entraînant des droits à payer, notamment si le montant dépasse les abattements autorisés (100 000 € entre parents et enfants).

Avec ce montage, Nina peut à présent convoiter des appartements à 400 000 €, ce qui lui ouvre les portes de biens autour de 40 m2. Une sacrée différence pour la jeune parisienne qui n’envisageait que des logements d’à peine 30 mètres carrés au début de ses recherches.

Prêt familial : attention aux conflits

Mais tout n’est pas forcément rose pour autant. Toujours en recherche de sa perle rare, Nina confesse les remarques qu’elle a pu entendre dans sa famille :

“Certains cousins m’ont reproché d’aller emprunter de l’argent à mes grands-parents. C’est délicat. En même temps, j'aurais eu tort de ne pas le faire. Mais je reconnais que quand j’en parle avec mes amis qui n’ont pas la même situation familiale que moi, je me sens bête. Je sais que c’est des problèmes de riches…”.

Effectivement, tout le monde n’a pas la possibilité de pouvoir emprunter à sa famille. Mais est-ce toujours une chance ?

Pierre, 42 ans, en a fait les frais. Son frère Antoine lui a prêté 30 000 € pour acheter son appartement. Lorsqu’il a eu des difficultés à rembourser son emprunt, Antoine a commencé à lui reprocher ses dépenses personnelles…. Ce prêt a tendu leurs relations pendant des années.

À noter :
Un prêt familial peut en effet mettre en difficulté le prêteur si ses propres finances ne sont pas solides. Il est essentiel de vérifier que ce soutien n’entravera pas les projets ou la sécurité financière du prêteur.

"Les bons comptes font les bons amis". Vous connaissez l’adage. Et si c’était d'autant plus le cas dans le cercle familial ?

Les bonnes pratiques pour un prêt immobilier entre proches

1. Formaliser l’accord

Même dans un contexte familial, un contrat écrit est vivement recommandé. Ce document doit inclure :

  • Le montant emprunté,

  • Les modalités de remboursement (mensualités, durée),

  • Les éventuelles clauses en cas d’incapacité de remboursement.

Pour des montants importants, faire appel à un notaire est fortement recommandé. Le coût reste modéré (quelques centaines d’euros) et permet de sécuriser les deux parties.

2. Déclarer le prêt aux autorités fiscales

Déclarer le prêt aux impôts est obligatoire au-delà de 5 000 €. Une déclaration simple suffit dans la plupart des cas, mais elle garantit la transparence et évite tout litige futur.

3. Anticiper les imprévus

Prévoir une clause de flexibilité dans le remboursement peut éviter bien des tensions. Par exemple, une possibilité de différer une ou deux échéances en cas de coup dur offre une marge de sécurité.

Pour éviter de compromettre les finances du prêteur, il est conseillé de limiter le montant du prêt familial à un niveau qui n’affecte pas sa propre épargne de précaution ou ses projets.

Quand on a la possibilité de le faire, emprunter à taux zéro à ses proches pour financer son achat immobilier peut augmenter considérablement sa capacité d’emprunt. Toutefois, cette solution nécessite une grande transparence et une formalisation rigoureuse pour éviter les conflits.

Avant de vous lancer, posez-vous les bonnes questions : votre proche prêteur est-il prêt à s’engager ? Les conditions sont-elles claires ? Si le moindre doute subsiste, n’hésitez pas à consulter un notaire ou un conseiller pour sécuriser votre démarche.