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Crash test : le bilan après avoir sous-loué mon logement pendant les JO de Paris (partie 2)

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Marion
Rédigé le 12 août 2024
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Après quelques hésitations (dont la peur d’être démasquée par son propriétaire), Elsa a finalement décidé de sous-louer son appartement parisien durant les Jeux Olympiques. Une opportunité en or pour financer une partie de ses vacances en Grèce. De retour à Paris après 10 jours de soleil et de feta, Elsa fait le bilan : comment la sous-location s’est-elle passée ? Quels revenus a-t-elle pu générer ? Compte-t-elle renouveler l’expérience et quels sont les conseils qu’elle veut nous partager ?

Sous-location pendant les JO : quel retour sur investissement ?

État des lieux de l’appartement

C’est le visage bronzé et détendu qu’Elsa est arrivée au pied de son immeuble le 3 août, surprise par la tranquillité ambiante dans les rues. Contrairement aux prévisions pessimistes, l'atmosphère pendant les Jeux Olympiques semble plutôt apaisée, du moins autour de la Gare de Lyon, son quartier de résidence.

Avant de retrouver son 25 mètres carrés, Elsa fait un petit détour “Chez Marcel”, le bistrot en bas de chez elle où sa voyageuse Airbnb a déposé son jeu de clés en quittant les lieux, quatre jours plus tôt.

Elle a en effet fait appel à un service de conciergerie en ligne qui propose de laisser ses clés dans des commerces de quartier (bistrot, supérette, hôtel, pressing…) via un petit badge qui est scanné à chaque dépôt. Elsa reçoit un email pour l’informer dès que le badge est scanné et donc récupéré par le voyageur. Un bon moyen de gérer la remise des clés en toute sécurité quand on n’est pas présent pour accueillir la personne.

Le trousseau dans une main, sa valise dans l’autre, c’est le cœur palpitant qu’Elsa monte ses 4 étages. Elle se demande dans quel état Cory, la locataire ayant séjourné six jours chez elle, a laissé son appartement.

"Même si je faisais confiance à Cory, j’avais un peu peur de retrouver ma jolie vaisselle chinée en mille morceaux. J’avais aussi peur de m’apercevoir que des vêtements avaient été volés ou pire, qu’une fuite ou un incendie s’étaient déclarés en mon absence ! On ne sait jamais."

Heureusement, dès qu'elle ouvre la porte, ses craintes s’évaporent. La vaisselle est lavée et rangée, l'aspirateur a été passé et la salle de bain est propre. Elsa pousse un soupir de soulagement. Elle se remémore le récit d’une amie qui a sous-loué son logement sur Airbnb et a dû faire face à des dommages matériels, comme un lavabo cassé…

On ne veut pas savoir comment cet incident est arrivé, toujours est-il que son amie n’a pas pu se faire rembourser cette dégradation, car une fissure était présente sur le lavabo à l’origine. Or, Airbnb ne prend pas en compte les dommages dus à l’usure normale.

Location saisonnière : que faire en cas de dommages ?

Airbnb propose à ses hôtes une garantie en cas de dommages dans leur logement. Cette garantie s'applique par défaut et couvre :

  • Les dommages causés par les voyageurs (ou des personnes qui les accompagnent) à votre logement, votre mobilier, vos objets de valeur ou vos effets personnels

  • Les dommages causés par les voyageurs (ou des personnes qui les accompagnent) aux voitures, bateaux ou autres véhicules stationnés

  • Les frais de nettoyage supplémentaires pour éliminer des taches laissées par les voyageurs

  • Perte de revenus si vous devez annuler des réservations Airbnb confirmées en raison de dommages causés par un voyageur (ou des personnes qui l'accompagnent)

Cette garantie ne couvre toutefois pas :

  • Les dommages dus à l'usure normale

  • Les pertes dues à des catastrophes naturelles (comme les tremblements de terre et les ouragans)

  • Les dommages corporels ou matériels subis par des voyageurs ou des tiers (ceux-ci peuvent être couverts par la responsabilité civile des hôtes)

  • Le nettoyage associé aux tâches de départ (lessive, vaisselle, gestion des ordures…)

Revenus perçus de la sous-location

Bonne nouvelle, Elsa n’aura donc pas à gérer de conflits avec son propriétaire pour cause d’appartement saccagé ! Mais a-t-elle atteint son objectif initial, à savoir financer une partie de ses vacances ? Rappelez-vous, pour ces 6 jours de location, Airbnb lui a versé un montant de 587 € (frais Airbnb déduits), soit 97 € par nuit.

Un montant qu’Elsa devra déclarer aux impôts puisque depuis 2020, Airbnb se conforme aux obligations françaises et transmet automatiquement à l’administration fiscale les revenus perçus via sa plateforme.

Ces revenus provenant de locations meublées doivent être déclarés dans votre déclaration annuelle, dans la catégorie des bénéfices industriels commerciaux (BIC). Vous avez ensuite le choix du régime fiscal :

  • Le régime micro-BIC pour les revenus locatifs inférieurs à 77 700 € par an. Il permet de bénéficier d’un abattement forfaitaire de 50 %. Un régime particulièrement adapté aux personnes qui pratiquent la location occasionnelle sur Airbnb, comme Elsa.

  • Le régime au réel qui permet de déduire l’ensemble des charges et de déclarer un montant net de charges. Ce régime s’applique par défaut dans le cas où les revenus locatifs sont supérieurs à 77 700 € par an.

Exemple :
  • Dans le cas d’Elsa, si elle ne sous-loue pas à nouveau son appartement en 2024, elle devra déclarer la somme de 587 € sur sa déclaration de revenus 2025.

  • Un abattement de 50 % sera alors appliqué, soit 293,5 €, sur lequel des prélèvements sociaux seront imputés à hauteur de 17,2 %, soit 50,48 €.

  • Elle sera ensuite imposable sur la somme de 293,5 € selon sa tranche d’imposition. Soit 8 € si on part du principe qu’elle est imposable à 4 %.

  • En résumé, sur les 587 € perçus, elle obtient un montant net après impôt de 528 €.

Son objectif étant de payer une partie de ses vacances en Grèce, on peut raisonnablement estimer qu’Elsa a atteint son but ! Cette sous-location aura en effet financé son hôtel à Athènes qui lui a coûté 500 € pour 10 nuits.

Elsa s’en sort donc plutôt bien avec son opération sous-location, malgré des tarifs finalement un peu bradés. Mais est-ce que l'effet JO a été bénéfique pour tout le monde ?

Jeux Olympiques à Paris : un bilan touristique en demi-teinte

Hôtels désertés en juillet

Une chambre à plus de 1 000 € la nuit dans un hôtel de moyenne gamme le soir de la cérémonie d’ouverture des JO ? Certains hôteliers y ont cru dur comme fer.

Même Elsa y croyait un peu. L’idée d’amasser un petit pactole en sous-louant son T2 (et se constituer un futur apport immobilier, était plutôt séduisante. Mais le fantasme aura été de courte durée.

Les réservations en cascade n’ont pas été au rendez-vous, ni pour Elsa, ni pour les hôtels. Pire, le taux d’occupation des établissements hôteliers est plus bas qu’en 2023 sur la première quinzaine de juillet. Un gérant d’hôtel 3 étoiles près de la gare Saint-Lazare confirme :

"On a eu un taux d'occupation de 60 % pour la période, alors qu'il est de 80 % en temps normal”.

Ses concurrents font le même constat. Les professionnels du secteur ont dû revoir leurs tarifs à la baisse, à peine 2 fois plus chers que le tarif habituel.

En cause ? Le coût financier tout d’abord, qui a pu rebuter de nombreux touristes, que ce soit pour se loger mais aussi pour se déplacer. Le ticket de métro étant passé à 4 € contre 2,15 € habituellement. La circulation plus compliquée également avec les voies neutralisées, une sécurité renforcée, le climat politique instable avec les élections législatives, ainsi qu’une météo peu clémente tout le mois de juillet, ont aussi pu rebuter les potentiels touristes.

Toutefois, les chiffres semblent plus encourageants sur le mois d’août. Le taux d’occupation dans les hôtels parisiens pour la 2e semaine des Jeux a atteint 86 % selon le baromètre J‘aime Paris. Ce même baromètre prévoit + 8,5 % d’arrivées aériennes internationales du 12 au 27 août sur la période entre les Jeux Olympiques et paralympiques.

Location saisonnière pendant les Jeux

Frank Delvau, président de l'Union des métiers et de l'industrie de l'hôtellerie, dénonce quant à lui la concurrence avec Airbnb :  "Les hôteliers peinent à remplir leurs établissements et l’augmentation des prix est bien loin des chiffres exorbitants avancés. Les tarifs ont à peine été multiplié par deux. Il est plus coûteux de louer un Airbnb que de venir à l’hôtel où, par ailleurs, le service est meilleur ".

L'abattage médiatique sur les prix exorbitants des hôtels aurait-il été favorable aux plateformes de location saisonnières et donc à notre chère Elsa ? Pas vraiment, si l’on en croit le spécialiste américain des données sur la location saisonnière AirDNA. Leurs chiffres révèlent que seules 12 % des annonces ont trouvé preneur sur l’ensemble de la période des Jeux et 20 % n’ont eu aucune réservation. Les prix sur ces plateformes avaient aussi subi une hausse délirante à l’approche de l’événement mondial.

Notre crash testeuse de sous-location, confirme sa difficulté à trouver un voyageur pour son logement :

“J’ai attendu un moment avant d’avoir une demande pour louer mon logement sur Airbnb la semaine du 22 juillet. L’offre était monstruueuse ! Je l’avais aussi mis en location sur la première quinzaine d’août, mais je n’ai trouvé personne. Je m’estime tout de même chanceuse d’avoir pu le louer à Cory en juillet. Ce n’est pas le cas de tout le monde.”

Malgré des résultats moins sensationnels que prévus, le rayonnement des JO devrait offrir des retombées positives à long terme. Les professionnels du secteur touristique espèrent en effet un rattrapage économique sur la fin de l’année grâce à la visibilité internationale offerte par les Jeux.

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